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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 10:02

La samba populaire de Nakache et Toledano

 

 

"C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures" : il semble que le duo de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache affectionne cet adage ... Du comédien principal (Omar Sy), au type de sujet traité en filigrane (comédie sociale, rencontre entre personnages issus de milieux différents pour ne pas dire opposés), jusqu'à la musique, semblable à s'y méprendre à la bande-son de leur précédent film, Intouchables, Samba applique la même recette que le précédent opus de ses réalisateurs... Avec Samba, le duo récidive dans le genre comédie populaire sur toile de fond à dimension sociale. Tandis qu'Intouchables faisait se rencontrer deux milieux sociaux, deux hommes que tout opposait en apparence pour mieux s'enrichir l'un et l'autre de cette rencontre improbable, Samba est une incursion dans le monde des sans-papiers et de ceux qui partagent leur quotidien. Là encore, les réalisateurs s'attachent à montrer deux mondes : les Français avec un F majuscule, à la vie plutôt aisée, à l'instar du personnage d'Alice incarné par Charlotte Gainsbourg, qui s'engage bénévolement dans une association qui vient en aide aux sans-papiers, et les immigrés clandestins, qui vivent dans la peur d'être découverts, comme Samba Cissé, alias Omar Sy, "héros" atypique de ce long-métrage.

 

Une fois de plus, les réalisateurs ont confié le rôle principal du film à Omar Sy, nouvel acteur français "bankable" révélé dans leurs précédentes réalisations. Il incarne un Sénégalais vivant et travaillant en France depuis 10 ans, mais sans-papiers. Le dernier film de Nakache et Toledano a le mérite de souligner l'absurdité de la situation de milliers de sans-papiers, qui travaillent dans nos cuisines de restaurants, dans nos centres de tri de déchets, sur nos gros chantiers... et qui vivent dans l'ombre de millions de Français. Il montre aussi l'intérieur d'un centre de rétention pour immigrants illégaux, où, entre rétention et détention, il n'y a qu'un pas. Malgré tout, l'ensemble profite d'un traitement léger et est plutôt bercé de bons sentiments, puisque l'histoire du film se borne surtout à celle d'un homme en particulier, Samba Cissé, et aux rencontres déterminantes qu'il va faire. Finalement, le spectateur est encouragé davantage à s'attacher à cette homme, figure emblématique d'un "combat" qui n'est en définitive pas vraiment montré comme tel, plus qu'à une cause dans l'absolu, même si certains personnages comme celui de Manu, très bien interprété par Izia Higelin, se montrent réellement investis par leur mission sociale et n'hésitent pas à la vivre pleinement.

 

Comme dans leurs précédents films, les réalisateurs ont saupoudré leur dernière réalisation d'humour et opté pour une tonalité joyeuse, grâce notamment à des dialogues souvent savoureux entre les personnages. Samba est un film populaire au bon sens du terme, même s'il n'échappe pas à certains poncifs. Il n'est pas à la hauteur d' Intouchables qui dégageait une vraie force émotionnelle et marquait les esprits par certaines scènes et/ou répliques depuis devenues cultes. Le casting est cependant réussi, chacun étant à la hauteur de son personnage, et Omar Sy dégage une vraie force, un vrai charisme... Si le propos de fond demeure dramatique, Toledano et Nakache conservent leur patte : Samba reste avant tout teintée de comédie. C'est avant tout un conte, un conte sentimental plus que social au demeurant, dont la fin heureuse dépasse forcément toujours un peu notre réalité... Bref, ce nouveau Nakache-Toledano reste une comédie gentille, bien servie par ses acteurs, mais qui n'atteindra pas le succès un peu inattendu d'Intouchables bien qu'en empruntant les recettes.

 

A mon sens, seule la fin du film surprend en créant un décalage avec l'altruisme dégagé par certains personnages et la tonalité globalement joyeuse du film, en délivrant un message un peu trouble, quand on l'aurait voulu universel. Elle révèle finalement l'individualisme qui demeure en chacun de nous, ou peut-être est-ce la résignation, comme un soulagement, qui reprend le dessus après des années dictées par l'abnégation et d'injustices ? Cet "happy ending" m'a plus paru "amoral" pour être célébré comme tel, mais le duo de réalisateurs comptait sur l'attachement au personnage principal pour outrepasser tout jugement moral. Seule la fin du film donc fait sortir Samba du registre de simple comédie populaire pour, peut-être, soulever une vraie question ou en tout cas mettre le doigt, furtivement, en passant, sur l'ambiguïté des êtres, même les plus modestes et gentils en apparence...

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  • : Journaliste rédactrice,je suis critique ciné à mes heures perdues, je souhaite partager ici mes avis sur les films qui font l'actualité mais aussi ceux dont on parle moins (peu). J'ai mis un peu de temps à me décider à créer ce blog ; les critiques de films ne commencent donc que pour les films sortis depuis début 2011. Longue vie à mon blog et merci d'avance pour vos clics !
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