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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 10:43

Intensité implacable

 

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Pesant que ce Passé là, mais beau et intense à la fois. Disons-le de suite : si vous avez passé une sale journée, oubliez ce film pour la fin de soirée... Dur et marquant, Le Passé bénéficie de toute l'intensité de ses interprètes, chacun est juste dans son rôle. L'Iranien Asghar Farhadi, signe, presque 4 ans après À propos d'Elly et 3 ans après Une Séparation - qui lui valut un succès autant critique que populaire - une comédie dramatique familiale intense, doublée d'un thriller sentimental. 

 

L'Iranien filme sans efforts une autre culture que la sienne, une société française actuelle dans laquelle les schémas familiaux et sociaux sont bousculés, voire mis à mal. Il livre une certaine vision de la famille recomposée, pas des plus optimistes, qu'on se le dise. Bérénice Béjo campe Marie, une mère de famille future divorcée et bientôt remariée... Sa cellule familiale est bancale, à l'image de sa propre vie privée... En couple avec Samir (alias Tahar Ramir), elle fait venir son ancien époux iranien Ahmad (brillamment campé par Ali Mosaffa) afin de finaliser leur divorce. Figure paternelle et solide au coeur de cette famille tourmentée par une relation mère/fille conflictuelle et que l'on découvre entâchée par un secret difficile à porter, le personnage d'Ahmad fait figure de fil conducteur à une intrigue qui soulève les peurs profondes des différents protagonistes. Il semble presque que le réalisateur personnifie ces peurs et frustrations nourries par la société. Quand Marie enchaîne les relations compliquées pour combler sa peur de la solitude, sa fille aînée rejette sa relation actuelle parce qu'elle craint l'abandon; quant au dernier amant en date, il s'engage sans être libre vraiment et doit faire face à une situation maritale plus que complexe... Ahmad fait ainsi office de témoin, de "tampon", d'arbitre même au sein de cette famille qui n'en est finalement plus vraiment une. Seul repère des deux jeunes filles en mal de figure paternelle, il est aussi le révélateur de nombreuses failles. Sa venue et sa présence permettent ainsi de percer à jour les problèmes et la nature même de certaines relations... Et de faire la lumière sur ce mystérieux poids qui alourdit tant les rapports entre les différentes personnes au coeur de cette intrigue.

 

Asghar Farhadi donne ainsi à voir des personnages complexes qui reflètent des maux actuels. Sombre et fort, Le Passé se déroule comme une fresque familiale teintée de suspense et de tension. Rendue palpable par l'interprétation des comédiens, dirigés d'une main de maître, celle-ci remue et interroge, à l'image de la scène finale, qui se résume en une image, à la fois belle et difficile, qui condamne en quelque sorte une situation déjà mal engagée. Telle une bombe à retardement, elle explose au visage du spectacteur, à l'instar des autres révélations du film, petites ou grandes, qui émaillent ce drame intimiste. Le Passé distille une tension d'abord ténue, puis croissante, servie par l'interprétation des comédiens. 

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  • : Journaliste rédactrice,je suis critique ciné à mes heures perdues, je souhaite partager ici mes avis sur les films qui font l'actualité mais aussi ceux dont on parle moins (peu). J'ai mis un peu de temps à me décider à créer ce blog ; les critiques de films ne commencent donc que pour les films sortis depuis début 2011. Longue vie à mon blog et merci d'avance pour vos clics !
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