Terre et fils
À l'instar du bon vin également mis à l'honneur dans ce film, Tu seras mon fils est un très bon crû ! Doté d'un remarquable casting, livrant des images magnifiques du vignoble bordelais, ce film de Gilles Legrand traite d'une tragédie familiale qui ne verse jamais dans le cliché.
Niels Arestrup campe avec brio Paul de Marseul, riche propriétaire d'un vignoble bordelais, passionné par son domaine, son vin et les chaussures de luxe mais totalement indifférent à son propre fils Martin, génial Lorant Deutsch. Tour à tour cruel, indifférent, ridicule et tyrannique, ce père indigne se prend d'affection pour le fils de son régisseur condamné par la maladie. Se met alors en place une infernale spirale digne des tragédies grecques, mais totalement modernisée et enrobée d'une musique adéquate : une sublime réorchestration de Vivaldi.
Entre rivalité de ces deux fils, le légitime et le substitut, désamour du père pour sa progéniture et succession au coeur de laquelle on retrouve l'héritage de la terre chérie par le père vignoble, la filiation est définitivement au centre de cette intrigue. Qu'il s'agisse de la filiation "naturelle" ou de celle que l'on se choisit, elle met en lumière les excès de la nature humaine, souvent injustes mais inévitables. Cette relation père-fils est particulièrement fascinante, prenante et à la fois violente dans les sentiments; en tout cas elle dérange et transpire pourtant d'authenticité...
Ce grand crû se savoure donc comme un bon vin et se termine comme une vraie tragédie mais sans jamais en faire trop. Sobriété et émotions sont au rendez-vous de ce bon film français.