Les Seigneurs

Sur la touche ...

Avec Les Seigneurs, Olivier Dahan s'essaie à la comédie populaire et réunit les stars actuelles de l'humour et du cinéma français comme Franck Dubosc, Gad Elmaleh, Omar Sy ou José Garcia, dans un film qui se veut, sur le papier, aussi drôle qu'émouvant. Le pari n'est pas vraiment gagné... Après avoir livré des films dramatiques comme La Môme (2007) ou My Own Love Song (2010), Olivier Dahan s'attaque à un tout autre registre, pour le meilleur comme pour le pire. Le meilleur, c'est bien sûr cette brochette d'acteurs et humoristes populaires qui ont déjà fait leurs gammes sur grand écran, pour la plupart, et qui ont pris, à l'évidence, un malin plaisir à jouer ensemble. Pour les amateurs de ballon rond, retrouver ces joyeux lurons dans la peau d'ex-stars du football sera sûrement une motivation de plus à aller découvrir ce film. Le pire, c'est cette façon de vouloir amener de l'émotion dans des situations souvent téléphonées, et malgré quelques situations cocasses bien senties et une cohésion de groupe plutôt communicative, on ne rit pas à gorge déployée.

Olivier Dahan nous présente des anciennes gloires du foot à travers des portraits individuels, ce qui montre son attachement pour l'exercice. Passées ses vélléités de dresser des portraits de personnages cinégéniques, on entre dans le vif du sujet : la comédie... De ce côté là, pas de grosses surprises. On retrouve avec plaisir des têtes familières, ici chacune dans un rôle précis, allant du contre-emploi (Gad Elmaleh en dépressif, le Comte de Bourderballah en marin pêcheur footeux) au rôle sur-mesure (Joey Starr en footballeur hargneux et violent, repris de justice, Franck Dubosc en vaniteux)...

Les Seigneurs tient beaucoup du film à sketches qui brime cependant la part de liberté de chacun pour exprimer blagues, traits d'humour personnels et mimiques caractéristiques. Dommage car avec plus de spontanéité, le film en serait certainement ressorti bien plus drôle. On pouvait compter sur des pointures comme Gad Elmaleh pour faire rire à ce jeu là. Si Olivier Dahan a voulu taper fort en réunissant dans une comédie les stars actuelles de la scène humoristique francophone (Gad Elmaleh, le Comte de Bouderballah et même Claudia Tagbo qui tient un petit rôle), les valeurs montantes du cinéma français (Omar Sy, pour ne citer que lui) et des acteurs plus expérimentés (José Garcia et l'indéboulonnable Jean-Pierre Marielle), il s'est contenté de se reposer sur un casting de choix, mais n'a pas transformé l'essai. Il ne suffit pas de s'appeler Dahan et de réunir une brochette de comédiens populaires pour réussir un film comique. À cela, s'ajoute un arrière-fond d'actualité sociale, puisque le réalisateur a choisi de camper son action sur la petite île de Molène, dans le Finistère. Un joli coup de pub pour les 202 habitants de cette île bretonne, certes. Mais Olivier Dahan y a planté le décor de son film parce qu'il a tenu à ajouter à cette comédie une dose de bons sentiments et de critique sociale. Non seulement ces footballeurs sur le retour deviennent ainsi les nouvelles coqueluches de l'équipe du coin, mais aussi les défenseurs de la conserverie de l'île, happy ending à la clé, évidemment...

Sans lâcher la barre pour réussir à tenir ce casting de personnalités certainement très dissipées sur le plateau de tournage, Olivier Dahan n'a donc pu s'empêcher de jouer la carte de l'émotion et de l'actualité sociale, ce qui ne prend pas vraiment. Sur fond de plan social et de "gifle au foot capitaliste" dixit  José Garcia (alias le capitaine Patrick Orbéra). On s'étonne parfois que de telles répliques soient passées au montage, on s'étonne qu'avec pareille bande de joyeux lurons à l'humour bien senti et au succès qu'on leur connaît aient accepté de formuler certaines répliques qui sonnent creux, alors on apprécie d'autant plus les deux ou trois moments comiques qui surprennent assez pour déclencher un rire franc, le reste nous fait surtout sourire. Et encore... On va surtout voir ce film pour son casting alléchant et pour la curiosité de découvrir cette bande d'amuseurs médiatiques jouer ensemble. Ce n'est pas la comédie de l'année et si Olivier Dahan rêvait de longue date de s'essayer au registre comique, ce n'est pas là qu'il excelle, et c'est un euphémisme...